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mardi 10 mars 2020

Interview de Jean-Michel GRANDSIRE

Interview de Jean-Michel GRANDSIRE

Jean-Michel GRANDSIRE
Éditeur et Rédacteur en chef.
Fondateur de la revue Parasciences
et de JMG Éditions

“Reporter de l'Au-delà” à le plaisir de vous présenter l'interview de 
Jean-Michel Grandsire.
Vous apprendrez ainsi à mieux connaitre l'homme qui fonda la fameuse revue Parasciences et les Éditions JMG  




 Votre Parcours


- Pouvez-vous me donner quelques précisions sur votre parcours ?

J-M G. : Je suis né en 1953. Mon cursus est atypique. Je désirais devenir artiste peintre. J’ai donc fait mes études aux beaux-arts. 

Ensuite, comme il fallait vivre, j’ai travaillé pendant un an dans une association qui luttait contre l’obligation vaccinale. J’y ai rencontré beaucoup d’acteurs des Parasciences et des médecines dites douces. Ça a été une école formidable pour moi car j’ai vu de l’intérieur les côtés positifs et les aspects les moins reluisants de ce milieu dans lequel je continue d’évoluer. En tous les cas, j’en ai tiré une leçon majeure : les associations sont basées sur un principe pervers qu’on pourrait définir de la façon suivante : je ne sais pas faire, tu ne sais pas faire, nous ne savons pas faire : alors associons-nous pour que quelqu’un le fasse à notre place ! 

Après cette année enrichissante, j’ai été décorateur dans un centre commercial durant trois ans. Ensuite, j’ai passé quatre interminables années dans une administration, avant de prendre mon indépendance en renouant tant bien que mal avec mes aspirations artistiques. J’ai fabriqué des bijoux artisanaux que je vendais sur diverses expositions. Vers l’âge de 35 ans j’ai décidé de lancer ce qui me tenait au fond le plus à cœur : une revue sur le paranormal. C’est ainsi que Parasciences a pris naissance…


- Avez-vous toujours eu un intérêt pour le paranormal ?

JMG : Cela m’a pris très tôt. Vers l’âge de 6-7 ans, comme c’est le cas pour beaucoup d’enfants dont on dit qu’ils sont philosophes. C’est l’âge où l’on se pose des questions sur le sens de la vie.
À l’époque, dans les années 60 donc, une émission passait sur Radio Luxembourg qui parlait des soucoupes volantes. Si j’ai bonne mémoire, elle était animée par un certain Jean Nocher. Cela me fascinait, d’autant que (c’est peut-être une reconstruction mentale a posteriori), l’émission passait à l’heure bleue, ce moment magique quand le soir arrive et qu’il fait encore jour… Les premières étoiles brillaient dans un ciel bleu azur et cela créait – et crée toujours – une atmosphère propice au rêve.

Et puis, un jour, je suis allé au cinéma avec mes parents voir “Les soucoupes volantes attaquent”, un nanar des années 50-60… Je fus fasciné et terrifié, mais ce fut la révélation !
Peu après – je devais avoir 7 ou 8 ans – ma mère est tombée malade. Elle avait une tumeur mixte placée sur le nerf facial. En cas d’opération, si ça ratait, elle risquait de se retrouver avec la “gueule de travers”, comme lui a dit le chirurgien qui devait la prendre en charge. Un ami lui alors parlé des traitements naturels : cataplasmes d’argile, alimentation saine, etc. Elle a tenté le coup. Pendant un an elle a mis chaque jour des cataplasmes d’argile sur la tumeur s’est peu à peu résorbée. C’est comme cela que j’ai fait connaissance avec les médecines douces et parallèles.
Le Livre d'Urantia
Plus tard, à la puberté, de lectures en lectures, je me suis pris de passion pour le paranormal et l’ésotérisme. J’ai lu Papus, la Cosmogonie d’Urantia, les livres de Robert Charroux, ceux d’Aimé Michel et de Jacques Vallée. J’étais définitivement perdu pour le rationalisme. J’ai dû lire 200 livres en l’espace de deux ans…
C’était l’adolescence, l’âge ingrat. J’étais nul en math et je voulais devenir peintre. Je me suis orienté vers les beaux-arts, mais, au fond, je n’avais déjà qu’une passion : tout ce qui est bizarre.

Au fil de ces années, j’ai constitué une bibliothèque assez impressionnante. J’ai découvert des tas de chercheurs dont on a oublié le nom : Rochas, Lancelin, Reich… ce fut une période de grand foisonnement au cours de laquelle j’écrivais sur ces sujets auxquels je ne connaissais que ce que j’en lisais.


"La Vie des Maîtres"
J’ai contacté Jacques Weiss, qui, sous le pseudonyme de Louis Colombel, avait traduit la "Vie des Maîtres", résumé la synarchie de Saint-Yves d’Alveydre et importé la Cosmogonie d’Urantia en France. C’était un homme brillant qui a eu la gentillesse de lire – et de corriger – mon premier texte, très ampoulé, me conseillant d’apprendre, encore et toujours, pour pouvoir m’exprimer à l’âge mûr. M’y voilà…

À la sortie des beaux-arts il a fallu trouver du boulot… pas facile avec un tel cursus. J’ai travaillé, comme je l’ai dit plus haut, un an à la Ligue pour la Liberté des Vaccination. J’y ai rencontré beaucoup de gens intéressants, perdu beaucoup d’illusions, et considérablement appris sur le milieu de tout ce qui est « para ». C’était une époque assez foisonnante…


- À quoi vous êtes-vous intéressé en premier, car vous semblez très éclectique dans vos intérêts ?

JMG : Donc, en premier aux médecines douces et aux techniques médicales alternatives, cela m’a amené à m’intéresser à l’occultisme, puis à l’ésotérisme, etc.


- Et les OVNIS ?

JMG : Dans les années 1965-70 j’ai lu tout ce qui paraissait sur le sujet. J’écrivais aux multiples revues de l’époque pour recevoir des spécimens gratuits. Ça m’amuse aujourd’hui quand je reçois de telles demandes pour la revue  Parasciences… Je croyais bien sûr aux Ovnis « tôle et boulons » et je ne comprenais pas que l’on ne parle pas d’un phénomène aussi intrigant dans les sphères dites “officielles”.


- Est-ce que votre intérêt pour la survie de l’âme est lié à votre propre recherche spirituelle ?

JMG : Cet intérêt est venu assez rapidement. Par peur, curiosité, recherche du sens de la vie… En tout cas par souci de répondre à la grande question : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

J’avais à l’époque une haute opinion de mon génie et je ne doutais pas que je résoudrais l’énigme ultime. S’il y avait survie : je le prouverai !
Quant au spirituel, c’est un mot que je n’aime pas. Avec le temps, l’expérience et la fréquentation de gens qui affichent leur haut degré de spiritualité, j’ai appris que, plus on se prétend spirituel, plus on se vautre. Un peu comme les gens qui sont dans la pureté, la vérité, le bon droit et les nobles sentiments. Tout cela cache souvent quelque chose de pas très clair, une faille profonde. On vérifie ça régulièrement, surtout sur les réseaux dits sociaux… 

La spiritualité est une chose qui se vit de l’intérieur. Ce que je dis là est valable sur le plan individuel, mais c’est encore plus criant quand on observe les institutions religieuses. À regarder l’Église qui se délitait et qui trahissait l’enseignement du Christ, je suis très vite devenu anticlérical fanatique et gros mangeur d’ecclésiastiques (dixit Brassens) !
Je me suis donc très vite défini comme un chrétien dans le principe, considérant que l’enseignement du Christ était la voie royale pour que l’humanité progresse, mais résolument opposé à toute forme de pratique et d’affiliation à une quelconque religion « officielle ».

L’expérience spirituelle est impossible à partager. Le bon sens y amène car, quand on observe l’histoire du monde et son propre parcours, on s’aperçoit que la violence appelle la violence, les conflits, les conflits et la division la division. La bonne gestion de la vie répond à des lois au fond très simples qui reposent en premier lieu sur le respect des autres.

Une phrase de J.-C. compte beaucoup pour moi : “Ne faites aux autres ce que vous ne voulez pas que les autres vous fassent.” 
Si l’on ne s’en tenait qu’à cela, le monde irait déjà beaucoup mieux.

En plus, à l’époque, avec l’écologie naissante, je me suis pris de passion pour le celtisme et le druidisme. J’ai même été intronisé barde du néo-collège druidique des Gaules. Tout un programme ! 
Je garde un souvenir amusé et nostalgique de cette époque. Cela n’a pas duré bien longtemps car je suis un esprit indépendant et, c’est plutôt paradoxal dans ce milieu interlope du paranormal, j’ai un esprit assez critique.


- Et Dieu dans tout ça ?

JMG : Lorsque je regardais le ciel, je m’étonnais toujours qu’il n’y ait aucune limite à l’univers. Nous ne pouvons pas concevoir cela, alors que c’est une réalité que nous pouvons tous constater sans pouvoir l’expliquer. De même, qu’il n’y a pas eu de début et qu’il n’y aura pas de fin. Qui a créé l’univers ? Dieu bien sûr. Mais qui a créé Dieu ? Nous ne pouvons pas répondre à la question, mais elle nous taraude tous au fond de l’âme.

J’ai donc retrouvé, par le druidisme, un Dieu que j’avais abandonné au catéchisme. Il y a, chez les druides, une très belle prière, aussi riche dans le Notre Père des Chrétiens, qui résonne encore dans mon cœur. Au fond, la relation au Divin n’a jamais été coupée dans ma vie. Elle a juste été brouillée par la révolte de l’adolescent face aux sévices du cléricalisme. Beaucoup ont réagi comme moi, mais la plupart ont jeté le bébé avec l’eau du bain. Pour eux, l’Église est mauvaise, en conséquence de quoi, on rejette tout d’un bloc. 
Ma réaction a été différente. J’ai rejeté l’Église mais j’ai gardé le sens du Divin. Mes lectures ne pouvaient que me pousser dans cette direction.
Le recours à Dieu pour imposer sa vision étriquée du monde m’a toujours révulsé. Cela aurait dû me conduire vers le matérialisme et le rationalisme, mais ma passion grandissante pour l’ésotérisme, m’a toujours fait rester dans le camp des croyants. 
Rebelle, mais croyant, tout du moins croyant en un côté sous-jacent des choses, en des forces subtiles qu’il fallait étudier et apprivoiser.


Pourriez-vous nous raconter une expérience qui vous a particulièrement marqué ?

JMG : Une expérience mystique par exemple ?
J’en ai une hors normes. C’était en janvier 1986, dans une oasis algérienne. Je traversais ce beau pays avec des copains qui voulaient récupérer un Land Rover au Mali. Une vraie expédition en terre inconnue.
L’oasis, située aux portes du Sahara, au sud de Béchar, était superbe, nous nous sommes arrêtés pour la visiter. Je me suis éloigné des autres et j’ai vu, sur une petite colline, un mastaba abandonné. J’ai grimpé jusque là pour avoir une vue plongeante sur l’oasis et je suis rentré dans le mastaba. Il était jonché de détritus divers, mais, à l’intérieur, j’ai ressenti une sensation que je n’ai jamais vécue depuis: l’air était limpide, léger, différent. C’était comme si j’étais hors du temps, hors du monde, dans un univers parallèle, un sas. Je n’ai jamais revécu cela avec cette intensité. J’y retourne souvent en imagination alors que la religion islamique ne m’attire pas du tout.


- Allez-vous sur le terrain pour faire certains de vos articles ?

JMG : Le plus souvent possible. Je suis un solitaire, limite asocial, mais j’aime bien me frotter aux réalités du terrain et rencontrer les gens.
J’ai vécu des choses fabuleuses, par exemple au col de Vence et dans les crops circle.


l'Icône de Garges-les-Gonesse
J’aime aussi rencontrer les auteurs des bouquins que je publie pour les interviewer quand cela est possible. 

La Vierge de Guadalupe
J’ai fait un reportage très
complet en Égypte autour des apparitions mariales sur les églises coptes, je suis allé au Mexique avec François Brune pour enquêter sur le Voile de la Guadalupe. J’ai toute une enquête filmée sur l’icône de Garges-les-Gonesse qui exsudait de l’huile… j’ai rencontré le Docteur X qui m’a raconté ses aventures absolument extra-ordinaires., etc.





La Transcommunication Instrumentale



- Quand vous êtes-vous intéressé à  la Transcommunication et à quelle occasion ?

JMG : J’avais lu dans les années 1980 pas mal de choses sur le sujet et ça ne m’avait pas marqué plus que cela. Ça peut paraître paradoxal, mais, pour comprendre, il faut replacer cela dans le contexte de ma démarche.

Je n’ai jamais compris le manque de curiosité à l’égard de la survie. On envoie des fusées sur Mars pour y poser des robots afin d’étudier la composition du sol, on découpe l’atome, on explore les confins de l’univers… mais on reste quasi indifférent à ce problème qui nous concerne tous ! À mes yeux c’est effarant et incompréhensible. Pas un centime n’est consacré à cette recherche qui est laissée à la merci des systèmes de croyance ou d’incroyance, ce qui est au fond la même chose. On marche sur la tête.
Donc, pendant des années, j’ai lu tout ce que l’on pouvait lire sur le thème de la survie et exploré toutes les « méthodes » qui ont été inventées au fil du temps pour en prouver la réalité. Et il y a de la matière !
En lisant les recherches menées entre 1880 et 1950, qui fut grosso modo la grande époque de la recherche métapsychique, j’ai constaté que tout bloquait sur un écueil majeur : ce que les métapsychistes appellent le « psi vivant ».
En clair et en résumé : on a bien la preuve que quelque chose se passe qui est lié à la mort. Le nier serait faire preuve de mauvaise foi. Mais ce quelque chose est-il le fruit du psychisme des vivants ou une intervention des morts ?
Mystère et boule de gomme. Le problème se pose quel que soit le cas de figure : déplacement d’objets, communication spirite, contacts via un médium : à chaque fois, la possible intervention d’une « force » émanant de l’être biologique brouille les pistes et la TCI n’échappait pas à la règle. 

Les voix imprimées sont-elles le fruit d’une intervention extérieure ou l’impression de ce qui est contenu dans l’inconscient de l’expérimentateur ? Vaste débat qui peut durer des siècles si on n’approfondit pas le sujet en observant ses multiples facettes.

J’ai donc toujours considéré que la preuve de la survie viendrait, non de l’extérieur par ce que l’au-delà est censé nous envoyer (TCI avec les voix et images paranormales, messages transmis par des médiums, etc.) mais de la recherche sur l’être vivant. Je suis parti du principe que si “quelque chose” survit, on l’a en nous dès à présent, êtres vivants et incarnés que nous sommes. Il faut donc aller vers le “connais toi, toi même” pour résoudre l’énigme.
Je pensais que la solution viendrait de la reprise d’expériences menées par trois chercheurs d’exception : Albert de Rochas, Charles Lancelin et Hector Durville sur ce qu’ils appelaient le fantôme des vivants.

Et je le pense toujours. On attend que l’Au-delà se manifeste pour qu’il donne un signe. C’est rassurant, certes, mais cela engendre des questions qui vont en se multipliant et qui éloignent d’autant la résolution du problème de fond. Un signe restera un signe et rien de mieux. C’est ainsi.
Pourtant, en 1988, mon avis a commencé à légèrement diverger. Je regardais une émission de Christophe Dechavanne très en vogue à l’époque (Ciel, mon mardi !) et j’y ai vu un étrange curé nommé François Brune qui parlait de la TCI

C’était assez interloquant. Je venais juste de sortir le premier
Les Morts nous Parlent
numéro de la revue Parasciences et j’ai acheté le livre de François,  Les Morts nous parlent” pour découvrir ce que l’émission n’avait fait que soulever. Le livre lu, j’ai écrit à François pour solliciter une interview pour le numéro 2 de la revue. 
Ce fut le début de toute une aventure car, grâce à François Brune, Parasciences a pu décoller.


Fort des contacts qu’il avait avec les chercheurs européens, François pensait que les contacts en TCI allaient devenir si fréquents et si nets que la réalité de l’autre monde allait devenir une évidence.
Cela contredisait mes positions de l’époque… mais pourquoi pas ! Je l’ai accompagné dans l’aventure.
Et puis, c’est d’une importance capitale : la Transcommunication laisse des traces imprimées sur les supports matériels. C’est une énigme pour la science et une épine dans le pied des dévots du rationalisme. Ce n’était pas fait pour me déplaire !

J’ai donc plongé dans le bain… sans toutefois oublier ce que j’avais appris de mes recherches livresques sur les acquis de la métapsychie.
Au fil du temps et de nos rencontres, il s’est avéré que la TCI rencontre les mêmes problèmes que ceux qu’avaient eus les métapsychistes de l’époque héroïque, dans les années 1880-1950.
Tout cela mériterait un livre entier. J’y ai consacré de nombreuses pages dans la revue Parasciences, ce qui n’a pas manqué de créer quelques polémiques.
À titre personnel, j’ai toujours considéré que la TCI est un sujet de recherche alors que, pour beaucoup de gens, elle est essentiellement le support d’une croyance. Pour expliquer cela, il m’a fallu jongler avec la sensibilité de beaucoup et parfois même batailler…

- Pourriez-vous nous parler des Transcommunicateurs que vous connaissez comme : Hans Otto König, Anabela Cardoso, Sonia Renaldi, etc. ainsi que les autres que vous avez connu et qui vous ont impressionné ?


Rémy Chauvin
JMG : Dans les années 1990-93 François Brune préparait un bouquin sur la Transcommunication avec le biologiste Rémy Chauvin, un grand scientifique passionné de paranormal. 
J’ai eu la chance de les suivre au cours de leur périple européen.
J’ai donc rencontré le couple Harsch-Fischbach au Luxembourg, Adolf Homes, Ersnt Senkoswski, Jochen Forhoff, Hildegard Schaffer, Sinesio Darnell, Robin Foy et j’en passe. Je les ai tous fait venir aux différents colloques que j’ai organisés entre 1994 et  1996.
Je ne pourrais pas dire que j’ai été impressionné. J’étais plutôt intrigué, car les messages qu’ils recevaient – je parle de messages longs, clairs et nets – variaient en fonction des expérimentateurs et de leur mental. J’en ai longuement discuté avec Rémy Chauvin qui pensait aussi, qu’il y avait là une anomalie qu’il fallait creuser. Nous avions l’impression que ces gens avaient accès à leur propre Au-delà, un univers onirique, adapté à leur système de croyance.
Ce n’est que plus tard que j’ai rencontré Anabela Cardoso qui est une femme adorable et pétillante.
Je n’ai de contacts avec Sonia Rinaldi que par Emails. Quant à ma rencontre avec Hans Otto König, elle ne remonte qu’à novembre 2018.


- Avez-vous déjà participé à des séances de Transcommunication avec des Transcommunicateur connus, voire célèbres ?

Konstantin Raudive
JMG : Oui, bien sûr. J’ai même été gratifié d’un appel téléphonique de Konstantin Raudive chez les Harsch, au Luxembourg.

À l’époque, j’avais même commencé à pratiquer la TCI, mais un problème s’est posé à moi. 
Je constatais, déjà la division entre les expérimentateurs, tant en France qu’à l’étranger. Mon rôle “naturel” était d’être un transmetteur d’informations par le biais de la revue Parasciences et de replacer les résultats dans un contexte plus global, celui de comprendre le phénomène dans toute sa multiplicité et sa complexité. Si je pratiquais, j’allais perdre mon statut d’observateur impartial que je m’efforçais d’être. Seuls mes propres résultats auraient une valeur fiable à mes yeux. Tout autre expérimentateur aurait fini par être suspecté de triche. Pire encore : il serait devenu un objet de détestation, s’il obtenait de meilleurs résultats que moi. L’objectivité aurait été faussée. J’aurais fait école. J’aurais eu avec ma cour, mes “adeptes”, j’aurais professé ma vérité, etc. Au secours ! C’est tout le contraire de ce que je veux. J’ai donc sagement renoncé.


- Pourriez-vous nous parler de la séance de Transcommunication de Hans Otto König à laquelle vous avez assisté le 14 juillet dernier ?

JMG : Dans les années 90, avec des amis expérimentateurs que j’ai perdus de vue depuis (notamment Bernard Montagne) nous rêvions de rencontrer ce chercheur atypique. Il a fallu attendre l’an dernier pour que la rencontre se fasse à l’occasion d’une interview et le 14 juillet dernier pour que j’assiste à une cession expérimentale.


Hans Otto König
Cette expérience fut très agréable, car rien n’était dans patos : des échanges courtois, de la réflexion et une ambiance très fluide, spirituelle, pour utiliser ce mot que je n’aime pas. Il y a une forte dose de mysticité chez H. O. König.


J’ai été surpris par la séance proprement dite : quelques minutes de contact, tout en allemand, qui a été ensuite décryptée. En fait, c’était compact, mais très riche de voix diverses et très nettes.


- Avez-vous été convaincu ?

JMG : J’ai pris cela comme ça venait. Un sceptique ne l’aurait pas été – il ne le serait du reste jamais – mais ça n’était pas l’objet de la réunion. J’en garde un excellent souvenir.


- Qu'est-ce qui vous a le plus étonné en Transcommunication ?

JMG : Ce qui est étonnant, mais poursuit en réalité une forme étrange de logique difficilement compréhensible, c’est le fait que l’on retrouve, avec les méthodes techniques de la TCI, les mêmes anomalies que l’on trouvait avec les résultats de médiums à effet physique au début du XXe siècle. Peu d’expérimentateurs sont au courant du problème et je n’ai aucune raison de le leur reprocher, car on ne leur a pas donné les clés pour affiner leur approche du phénomène.
Il manque un organisme neutre pour rassembler la documentation relative à la recherche. Une sorte d’université en quelque sorte.
Je vais vous donner un exemple : en 1994 j’ai mis à la disposition des chercheurs les plans d’un appareil qui avait été conçu par un spirite belge. Il s’agit d’un avertisseur sonore qui émettait un son quand un défunt voulait se manifester au cours d’une séance de spiritisme.
J’ai retrouvé le plan, non pas dans les archives d’un organisme de
Camille Flammarion
recherche, mais dans un tas de papiers dans la bibliothèque de Camille Flammarion, ce grand astronome qui était passionné par les phénomènes  physiques de la médiumnité.

Pour la petite histoire, nous avons refait l’appareil et l’avons adapté à la technologie moderne. Certains expérimentateurs s’en sont servis avec succès…
J’en reviens à mon idée d’organisme neutre à vocation universitaire (ou universelle si vous préférez, pour ne pas fâcher les brontosaures de la science dure).
Il y a cent ans très exactement, un spirite très riche (Jean Meyer) a créé l’Institut Métapsychique International (IMI) en lui donnant pour mission d’étudier les phénomènes du spiritisme de manière scientifique. Il prenait le risque de voir ses croyances en la survie infirmées, ce qui était courageux, mais sa démarche était lumineuse.
Les premières années ont été extraordinaires. Malheureusement, cette ligne méthodologique n’a pas été suivie et c’est grand dommage, car un organisme neutre, au niveau du système de croyance, et riche dans son fonds documentaire et ses moyens, est indispensable pour garder un fil entre les acquis des uns et des autres au fil du temps qui passe. Il ne s’agit pas forcément de fédérer la recherche, mais tout du moins de synthétiser les techniques, les réflexions et les résultats pour les mettre à la disposition de tous pour un enrichissement commun.

Nous manquons cruellement d’un organisme de cette sorte, mais revenons à la TCI.
Son aspect essentiel, au regard de la science, c’est celui de la réalité des traces analysables et qui pose une énigme à la recherche scientifique quand elle daigne se pencher sur le sujet.


Friedrich Jürgenson
Sur ce point-là, nous n’avons pas avancé d’un millimètre depuis 1964, quand Jürgenson s’est prêté à des expériences très sérieuses avec l’Institut de Fribourg, en Allemagne.
Les traces physiques sont là. Comment aborder le problème ? En clair, comment déterminer si une voix obtenue en TCI est paranormale ?
La question est essentielle.
Au cours des années, j’ai vu plusieurs types de réaction de la part de certains scientifiques.
Première réaction : les voix ne sont pas nettes. Conclusion : l’expérimentateur croit entendre des sons là où le sceptique n’entend que du bruit. C’est la paréidolie et la conclusion est simple : circulez, y a rien à voir.
Deuxième réaction : l’expérimentateur produit une voix nette qui s’identifie à celle d’une personne aujourd’hui décédée. Coup de chance, on dispose de sa voix lorsqu’elle était vivante. Conclusion du sceptique : c’est une magouille. Il s’agit de la voix d’un vivant qui a été trafiquée pour faire croire qu’il parle depuis l’Au-delà. Recirculez, y a toujours rien à voir.


Anabela Cardoso
En fait, méthodologiquement parlant, la seule solution pour trancher, c’est ce qui a été fait par Jürgenson en 1964 avec l’équipe de Bender et plus tard par Anabela Cardoso
Il faut isoler un expérimentateur et exclure toute possibilité que les voix obtenues par lui puissent avoir été captées ou produites par des moyens connus. Une fois ces conditions réunies, si une voix identifiée est obtenue et que son empreinte correspond à celle d’une personne présentement défunte c’est le jackpot ! Tout le reste, du temps et de l’énergie perdue.


Cette expérience est à notre portée. Elle demande des moyens relativement modestes. Il suffirait que des expérimentateurs se regroupent et s’entendent… mais là, c’est un autre problème qui relève, lui, de la quadrature du cercle.

Pour approfondir le sujet, je vous invite à lire le compte rendu de Bender et celui d’Anabela Cardoso que j’ai publié sur le site Internet de la revue Parasciences.
Pour exemple les recherches de Bender :
https://parasciences.net/transcommunication-les-analyses-scientifiques-les-voix-paranormales-a-lepreuve-de-la-science/

Et un article essentiel d’Ernst Senkowski pour prendre la mesure de la complexité des phénomènes de TCI :
https://parasciences.net/transcommunication-de-bien-etranges-distorsions/


- Que pensez-vous des Transcommunicateurs eux-mêmes, pensez-vous que ce sont des médiums qui s'ignorent, ou pensez-vous qu’un TCIste est plutôt, ce qu’on appelle un canal, dont se servent les esprits pour passer leurs messages sur la bande magnétique ou les enregistreurs ?

JMG : Ce que je pense des Transcommunicateurs ? Vaste sujet. Pris individuellement ils sont tous charmants. Ils baignent dans les fluides astraux avec la virtuosité d’une naïade. Ils s’aiment et ils sèment à tous vents…
Revenons sur terre. En fait, il faut à mon sens trancher entre deux conceptions de la TCI : s’agit-il de l’objet d’une croyance ou s’agit-il d’un objet de recherche ?

Pour des raisons compréhensibles, on en a fait l’objet d’une croyance : des gens en deuil font appel à un Tciste pour obtenir un contact avec un défunt. C’est louable, c’est émouvant, ça joue sur la corde sensible, d’autant que la société est incapable d’apporter la moindre réponse au grand mystère de l’éventuelle survie de l’esprit à la mort.
Mais, on néglige complément l’aspect recherche. Et, vous l’avez compris, à mon sens c’est une grave erreur.

Objectivement parlant, qu’avons-nous ? Des voix qui s’identifient à des défunts et qui s’expriment. C’est beaucoup, mais malheureusement, ce n’est, hélas, pas suffisant pour considérer que nous avons là une preuve définitive de la réalité de la survie.

Les Tcistes sont-ils des médiums ? Ceux qui ne croient pas en la survie mais qui, par souci d’honnêteté, ont constaté la réalité des voix paranormales, vous diront que l’expérimentateur est un médium et qu’il a imprimé sa voix sur un support physique par un subtil mécanisme de psychokinèse.

Pour celui qui admet la survie, ce sont les morts qui parlent. Quant à savoir si l’expérimenteur est médium, je dirai après réflexion qu’il dispose d’une forme particulière de médiumnité. Je dis une « forme particulière » parce que, je connais de bons médiums qui n’obtiennent rien lorsqu’ils se risquent à la TCI, et des Tcistes qui obtiennent des voix de plus en plus nettes au fur et à mesure de leur pratique, mais qui ne développent pas pour autant d’autres formes de médiumnité.

Le problème se complique quand on sait que des magnétophones enregistrent des sons paranormaux dans certains lieux sans la présence de quiconque. Sinosio Darnell l'a fait cela de nombreuses fois. Bernard Montagne l’a également testé dans des lieux hantés.
Je ne suis donc pas certain qu’il y ait de règle définitive pour trancher la question, mais il faudrait creuser le problème.

Pour conclure sur le sujet de la Transcommunication, il faut constater deux choses :
1. Les promesses et les attentes des années 1990 n’ont pas été tenues. Les voix restent confidentielles et leur nombre et leur amplitude n’ont pas explosé au point de prouver, par un effet de submersion, que l’autre monde est bien réel.
Ernst Senkowski
2. Quand on étudie les messages longs ou les images nettes qui ont été obtenus par différents expérimentateurs, on est obligé d’admettre qu’on se trouve face à un sujet qui pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Je vous renvoie pour cela aux anomalies relevées par des gens comme Ernst Senkowski et que j’ai publié dans différents numéros de la revue Parasciences.
On se retrouve, donc, à mon point de départ : Nous n’avons pas de preuves définitives, j’entends par là, universellement admissible de la survie. D’où la nécessité, pour tout chercheur objectif intéressé par la recherche sur le sujet de revoir la copie, de reposer le cadre d’une recherche objective… 
On piétine allègrement.



Médiumnité


- Les médiums et la médiumnité en général, qu'en pensez-vous ?

JMG : Dans L’Erreur Spirite, un livre dont je conseille vivement la lecture, René Guénon dit que la médiumnité est le fruit d’une
l'Erreur Spirite
fêlure intérieure majeure.

Ce n’est bien sûr pas désobligeant pour les médiums, car ils ont tous, quand on les connaît un peu, une sensibilité à fleur de peau qui permet justement à des informations de passer. 

Mais, je pense qu’il faut être conscient de leur fragilité, sinon on va leur demander bien plus qu’ils ne peuvent nous donner.


Ceux qu’on appelle les channels, qui sont en contact avec des êtres éthérés puisent, à mon sens, l’information dans le même puits, à la même source. De ce fait, les uns confirment ce que disent les autres au point qu’on a l’impression qu’ils se copient les uns les autres. 
Ce n’est un gage de vérité absolue, mais plutôt le signe que l’information est là, pas très loin, et qu’il suffit de brancher son récepteur pour la capter.

D’autres médiums, j’en connais personnellement, parviennent à capter des informations très précises auxquelles ils n’auraient pas accès s’ils n’avaient pas cette faille, cette ouverture dans l’esprit, qui permet à l’info de passer. C’est souvent spectaculaire et je suis très admiratif de leur talent.


- Avez-vous eu des expériences en ce domaine ?

JMG : Oui, bien sûr. J’ai même reçu des informations précises, mais déroutantes, sur certains sujets qui me sont chers.


- Y a-t-il un médium ou une séance de médiumnité qui vous a particulièrement impressionné ?

JMG : Plusieurs, bien sûr. Patrick Lannaud, Christine André, David Fontaine, Henry Vignaud… et j’en oublie, sont des médiums qui obtiennent d’excellents résultats.


Florence Hubert
Il faut préciser que je n’ai jamais rien demandé et je n’ai jamais consulté à titre privé. Ma foi personnelle fait que je n’ai pas besoin de recourir aux médiums. 

Par contre, en filmant une séance lors d’un colloque, j’ai été apostrophé par Florence Hubert qui m’a transmis un message de mon père.
Ce qui est intéressant, c’est que tout a été filmé et que j’ai donc pu revoir la scène à plat une fois l’émotion retombée. Le décryptage est surprenant et enrichissant.



 - Vous avez perdu votre mère très récemment, pourriez-vous envisager d’avoir un contact avec elle via un médium ou la Transcommunication ?

JMG : Je n’ai jamais rien demandé pour moi et je pense que c’est malsain d’enquiquiner les défunts pour avoir de leurs nouvelles.

J’ai vu tellement d’abus dans ce domaine, que cela m’a refroidi.
Personnellement, je déteste le téléphone qui peut sonner à n’importe quel moment, ainsi que toute tentative d’intrusion dans ma vie. J’évite donc de faire aux défunts ce que je n’ai pas envie qu’on me fasse.
Je vois la séparation comme un voyage dans un pays lointain : une fois arrivé, si on en éprouve le désir, on envoie une petite carte postale pour dire “Coucou ! bien arrivé !” Cela me paraît suffisant.

En ce qui concerne ma mère, j’ai reçu la carte postale un mois exactement après son départ. Cela me suffit. Si elle a un motif pour me contacter, elle le fera de sa propre initiative et pour des raisons valables. J’y suis ouvert, mais je ne vais pas lui polluer sa survie en la tirant par les pieds tous les quatre matins.



La Revue Parasciences



- Vous êtes le Fondateur du magazine Parasciences. Magazine très intéressant, car traitant de sujets hors du commun, en profondeur et de manière assez pointue. Dans quelle circonstance avez-vous conçu l'idée de créer un magazine traitant du domaine du paranormal ?
 
Parasciences
JMG : Par mégalomanie, bien sûr, mais aussi dans le souci de passer une info originale et la plus objective possible sur tout ce qui est marginalisé dans la culture contemporaine.
L’élément véritablement déclencheur – il y en a toujours un – a été le rocambolesque “visionnage” d’une interview à la télévision en 1975. J’avais 22 ans et des rêves plein la tête. L’anecdote est drôle, je vous la raconte. À l’époque, les téléviseurs couleur étaient assez chers et la couleur… c’est toute ma vie. J’ai fait les Beaux-Arts, j’aurais aimé être artiste peintre, je ne mets que rarement des lunettes de soleil pour ne pas gâcher le plaisir de voir les couleurs réelles. C’est dire !
Il m’a donc fallu une télé couleur, mais, à l’époque, la technologie était récente et je n’avais pas les moyens de m’en payer.
Il se fait que les Russes avaient commercialisé un appareil bon marché (de marque Komix, si j’ai bonne mémoire) mais qui, sur les trois chaînes existant alors, ne permettait de voir, avec des couleurs approximatives, que la première et la seconde. La troisième était comme une radio : on avait le son mais, en guise d’images, il y avait un superbe écran noir. J’en ai acheté un, trop heureux de l’acquisition d’un appareil issu de la technologie soviétique et pesant dans les 50 kg. Moi qui ai toujours pesté contre les soviets, j’en avais pour mon argent !
Voilà que passe un soir, sur la troisième chaîne toute noire, l’interview, par Jean-Louis Servan-Schreiber, d’un intellectuel qui m’a beaucoup marqué et avec qui j’ai longuement échangé ensuite par courrier. Il avait pour nom Jacques Ellul. Le thème portait sur son dernier ouvrage intitulé Trahison de l’Occident.
Ce fut une rencontre particulièrement étrange et frustrante. Toujours est-il qu’après l’émission, j’ai acheté son livre, je l’ai lu (ça arrive parfois qu’on ne lise pas les livres qu’on achète) et j’ai contacté Jacques Ellul qui m’a gentiment répondu. J’ai entamé avec lui une assez longue correspondance. Bref, discutant par courrier avec Ellul de l’influence des gens riches sur l’actualité, celui-ci m’expliqua qu’à ses yeux, la vraie richesse, ce n’est pas l’argent que l’on possède, mais la capacité que l’on a de s’exprimer et surtout de diffuser ses idées.
Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd et, bien que bigleux à cause de la troisième chaîne et de son écran noir, j’ai laissé cette réflexion prospérer dans un coin de ma petite cervelle, convaincu que, pour pouvoir m’exprimer, moi qui avais tant à dire, il fallait que je dispose de mon propre organe de presse. Rien que cela. Passant aux actes, j’ai créé deux ans plus tard, une petite association (l’IRSP : Institut de Recherche sur les Sciences Parallèles) et nous avons sorti un premier bulletin. Il a fallu ensuite attendre 12 ans de balbutiements pour que Parasciences voie le jour, le temps que je fasse quelques essais ratés, que je m’achète un vrai poste de télé couleur et que ma cervelle mûrisse.


- Avez-vous une anecdote concernant la création de ce magazine ?

JMG : Lors de la préparation du premier numéro de Parasciences, en 1988, les ordinateurs arrivaient tout juste sur le marché. Un Mac coûtait dans les 15 000 euros… je n’avais pas les moyens d’acheter un de ces objets de rêve. C’est un ami (Patrick Fuentes), qui se faisait subventionner pour un club d’astronomie amiénois, qui m’a “prêté”, tant le matériel que le personnel pour réaliser ce premier numéro. Il y a même écrit un article en me promettant la suite pour le numéro 2.
Nous en sommes au numéro 115 et j’attends toujours l’article en question. Ç’a été, durant plus de 25 ans, un sujet de plaisanterie entre lui et moi. 

Maintenant qu’il a quitté ce bas monde, il ne me reste plus qu’à faire appel à un médium pour avoir – enfin – cette suite tant attendue. Amis Tcistes, amis médiums : c’est à vous de jouer !


- Vous avez également fondé les Éditions JMG, Comment est-ce que tout cela a commencé ?

JMG : En plusieurs étapes. En réalité, l’idée des livres a précédé la revue.
Parasciences est le fruit de plusieurs tentatives avortées. Il y a eu un premier bulletin (en 1977) qui s’appelait Cratère. J’en ai réalisé 3 ou 4 numéros qui ont été imprimés sur l’Offset d’un ami qui m’a prévenu d’emblée : « Je t’aide parce que je t’aime bien, mais, surtout, ne t’imagine pas que tu vivras de ça un jour ! »
En regardant un des quelques exemplaires qui restent dans mes archives, je m’aperçois que la thématique était exactement la même qu’aujourd’hui, ce qui prouve que je souffre d’un syndrome obsessionnel qui n’a jamais été correctement traité.

Ensuite, en 1982 si j’ai bonne mémoire, j’ai rédigé deux petites brochures, l’une consacrée à la synarchie, la passion de ma vie, et l’autre aux sciences parallèles (déjà !). J’en ai encore quelques exemplaires que je montre fièrement, car ils sont le fruit d’un travail de dingue. Souvenez-vous que les ordinateurs grand public n’existaient pas à l’époque, ce qui posait des problèmes techniques. Si l’on voulait imprimer quelque chose, il fallait passer par un imprimeur, ce qui revient cher. Or, je voulais que ça fasse comme un vrai livre et que le texte soit justifié, c’est-à-dire aligné à la fin de chaque ligne, ce qui n’était pas possible avec une machine à écrire. J’ai donc, ligne par ligne, calculé le nombre d’espaces blancs que je devais insérer pour arriver à ce brillant résultat.

Ce n’est qu’ensuite, en 1988, que le premier numéro de Parasciences a vu le jour avec son format A4.
La revue réalisée, il fallait la “lancer” en lui trouvant un lectorat. Je l’ai trouvé grâce au père Brune qui a été, pour la revue comme pour beaucoup d’autres choses, l’homme providentiel. Il a ensuite fallu attendre quelques années pour que l’idée des livres revienne au-devant de mes préoccupations. Les choses se sont enchaînées de manière logique.
En 1995, j’ai publié un livre aux Éditions du Rocher et j’ai participé à quelques émissions télévisées. Cela a contribué à asseoir la revue Parasciences.

Jusqu’alors, le statut juridique qui couvrait la revue était associatif (l’IRSP mentionné plus haut). En 1997, l’association s’est transformée en SARL et j’ai officiellement créé JMG Éditions.
L’idée des livres a donc suivi un cheminement logique : quand vous avez 10 articles qui traitent du même sujet, l’idée vous vient de les regrouper. Ce que j’ai fait.
J’ai commencé par faire coller (pour avoir un dos carré collé) des petits hors-série dans un centre de formation professionnelle.
Et puis, je me suis dit que ce serait bien de rééditer de vieux livres tombés dans le domaine public. C’était sans risque vis-à-vis des auteurs.
J’ai suivi cette logique, ce qui m’a amené chez un distributeur qui m’a fait confiance. Ensuite, quelques auteurs sont venus me solliciter… et c’est parti.

Bien sûr, au début, ça a été une galère sans nom car j’ai toujours tout fait sans le moindre argent devant moi. Il m’a donc fallu remplacer l’argent que je n’avais pas par de l’imagination. J’ai loué un photocopieur, me suis fait escroquer par une boîte célèbre, ce qui m’a amené à acheter une presse Offset pour finir par revenir à l’impression numérique… ensuite j’ai acheté un thermorelieur, puis j’ai loué une imprimante laser couleur… Je vous passe les détails et les crises de nerfs.
Aujourd’hui, nous sommes trois – les mêmes qu’au début – à faire tourner l’ensemble de JMG éditions.
De l’idée de base à la réalisation des livres, tout est fait chez nous selon une formule qui m’est toute personnelle. Il est très rare que je fasse sous-traiter les impressions, ce qui limite les stocks… Cela donne beaucoup de travail en contrepartie, mais permet une production souple et adaptée…

Vous allez me demander : « Si c’était à refaire ?… »
Et je vous répondrai : « Si c’était à refaire je le referais, en essayant de perdre moins de temps, éclairé par mon expérience. » Mais cette réponse, si elle est juste dans le fond, est vaine dans la forme car, comme le disait Lao-Tseu : « L’expérience est une lanterne qui éclaire le chemin parcouru… »
Je vais donc continuer et commettre de nouvelles erreurs et résoudre des problèmes que je n’ai pas anticipés. Ça fait partie du jeu de la vie !


- Pourriez-vous nous citer quelques titres de livres que vous avez publiés ?


Les Dossiers Warren

JMG : Je crois qu’il y en a plus de 300…
Parmi les meilleures ventes : Les dossiers Warren, La route du temps, Le double comment ça marche, L’Amérique hantée, Les mystères du col de Vence, et tant d’autres.


 



 - Quels sont les ouvrages et les auteurs publiés par vos Éditions dont vous êtes le plus fier ?

JMG : Je dirais presque tous parce que c’est un honneur d’être choisi par des auteurs. Un livre, c’est comme un mariage qui unit un auteur à un éditeur pendant environ 5 ans. Quelquefois ça se passe bien, d’autres fois il y a des déceptions. Il y a des gens à gérer avec leur sensibilité, leurs attentes qu’on ne peut pas toujours satisfaire, les ratés, les succès incompréhensibles, les auteurs que vous lancez et qui vous lâchent sans la moindre explication pour aller chez des éditeurs plus “prestigieux“. Et puis il y a le côté relationnel ! Je publie des auteurs qui ne s’entendent pas forcément entre eux. Il me faut être à l’écoute des uns et des autres sans pour autant les trahir ni me montrer hypocrite, ce qui est un exercice difficile.

Éditeur, c’est un métier à part entière que je maîtrise encore mal, même si je fais des progrès. Il y a des erreurs que je ne commets plus, des soucis qui se présentent, auxquels on ne s’attendait pas…



Les Rencontres


- Pourriez-vous nous raconter votre rencontre avec le regretté père François Brune qui nous a quittés le 16 janvier 2019 ?


Père François BRUNE
JMG : Donc, un mardi soir de 1988, je
regardais une émission deCiel, mon mardi !” consacrée à la Transcommunication. J’ai même eu la bonne idée de l’enregistrer sur mon magnétoscope. C’est ainsi que j’ai vu François pour la première fois. Je l’ai ensuite rencontré chez lui et le courant est tout de suite passé.
Ce qui est très paradoxal, c’est que nous sommes rencontrés au départ pour la Transcommunication et que, à la fin, j’ai été l’éditeur des livres auxquels il tenait le plus : ses ouvrages de théologie.
Vous l’avez remarqué, j’ai toujours eu un œil critique sur la TCI. Cela a été l’objet de vives controverses tout au long des premières années de Parasciences. Cela obligeait François à arbitrer et à calmer les esprits qui, parfois, ont tendance à s’échauffer. 
Avec le temps, François s’est éloigné du milieu de la TCI et nous nous sommes retrouvés sur un terrain qui, personnellement, me passionne : celui de l’Histoire, de la relation de l’homme au Divin et à l’empire romain (entendez par là l’Église catholique). J’ai rencontré en lui plus anticlérical que moi. Ce qui était le plus surprenant, c’est que notre aversion pour l’empire catholique n’a pas la même origine. Lui a vécu ça de l’intérieur, moi du dehors. Nos motifs étaient en principe diamétralement opposés mais, dans les faits, ils étaient parfaitement complémentaires. 
Ils s’imbriquaient telles deux pièces d’un puzzle.
C’est un sujet à approfondir mais il dépasse le cadre de cette interview.


- Pourriez-vous nous raconter une anecdote que vous avez vécue en compagnie du père François Brune?

JMG : Il y en a eu plein !
Sa gourmandise légendaire me faisait rire aux larmes.
– « Vous prendrez bien un petit dessert ? » demande le serveur.
– « Pourquoi petit ? » Répond celui que j’appelais le Révérond pour son embonpoint légendaire.

Il a été gourmand jusqu’au bout et je regrette qu’il soit parti avant que je lui apporte la mayonnaise maison qu’il m’avait réclamée. 
À part ça, nous avons bien sûr fait des choses très sérieuses. Je pense à une après-midi passée à Garges, chez Samira, la femme qui générait les écoulements d’huile sur une icône. Ce fut un moment très fort car, ce jour-là, elle exsudait de l’huile par tous les pores de sa peau.
J’ai filmé tout cela et je mettrai les films en ligne un de ces jours.


- Quelle est la ou les plus belles rencontres de votre vie ?

JMG : Professionnellement parlant y en a eu plein et je ne peux pas les hiérarchiser.
Sinon, dans ma vie, c’est le jour où j’ai rencontré ma femme.



Votre Actualité


J’ai créé une structure éditoriale consacrée aux faits de société. Comment faire bouger les lignes, créer du lien entre les gens pour que nous cessions de déléguer notre part de souveraineté à des politiciens de plus en plus décevants.
Je m’intéresse à la survie mais aussi à la vie.


- Quels sont vos prochains sujets d’article ?

JMG : Là vous touchez au mystère de la création ! Quand je commence un numéro de Parasciences j’ai toujours quelques articles d’avance dont je sais qu’ils vont paraître parce qu’ils sont comme des balises qui reviennent de numéro en numéro (les articles très documentés de Michel Granger, par exemple).
Mais, pour le reste, c’est le mystère absolu. Tout se fait et se décide en 2 ou 3 jours. Les articles s’imbriquent d’eux mêmes dans (du moins je l’espère) une harmonie qui donne un sens à une parution en gestation.
Le problème, c’est que j’ai des articles qui attendent pendant parfois des années avant de passer au bon moment et au bon endroit. J’en ai par exemple, un très long et très documenté, sur le code de la Bible. Il attend son tour depuis une bonne dizaine d’années…
Parfois, des gens m’envoient des articles et ne les voient pas paraître. Ils s’imaginent que je les boude alors que j’attends le bon moment pour les sortir…

Y a-t-il des personnes que vous avez interviewées et qui sortiront bientôt dans Parasciences ?

JMG : Hans Otto König, je pense. Mais comme les interviews sont filmées on les trouvera sur le site de Parasciences.

- Quant à votre maison d’édition, quels sont les livres que vous allez publier prochainement ?

JMG : J’ai plein de projets sur lesquels j’ai travaillé cet été : un livre de Philippe Palem sur les EMI, deux livres sur la mutation économique de Marc Halévy, un physicien que je publie dans une collection qui m’est à cœur et qui s’appelle Transition. 
J’ai également bossé sur un livre d’ufologie de Tibaut Canuti et qui traite de la recherche ufologique pratiquée par les instances dites « officielles », et un livre qui fait l’apologie de la réincarnation, ce qui aurait fait mourir de rire François Brune.

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Dr. Jean-Jacques Charbonier

J’ai aussi en préparation un livre écrit par une personne qui a participée aux expériences du docteur Charbonier et qui relate son vécu. C’est surprenant. Et j’en passe.




La Question Traditionnelle 


- Ma question Traditionnelle : Quelle est votre plus belle expérience ?

JMG : C’est celle que je vais vivre demain, après-demain et, si Dieu me prête vie, dans les années à venir car l’avenir est plein de promesses, le monde est en déliquescence et j’ai ma pierre à apporter pour sa reconstruction.



Je vous remercie !

Site de : JMG Éditions





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