Un témoignage rare...
Le silence des théologiens ne serait donc que provisoire. On veut bien le croire. Mais pour le rompre, il est nécessaire qu’un événement particulier se produise afin d’engager une véritable réflexion sur le sujet. Cet événement, ONDES le crée avec le concours d’un prêtre catholique. Cet homme, qui a souhaité conserver l’anonymat, a bien voulu confier son expérience de NDE.
C’est un témoignage tout à fait exceptionnel que nous vous offrons ici, en raison de l’origine d’un tel récit, et de l’aspect particulier que prend l’expérience relatée dans l’existence d’un homme qui a choisi, par vocation, de consacrer sa vie à Dieu. Que chacun , croyant ou non, médite sur ce témoignage avec l’esprit de tolérance indispensable pour une compréhension élargie de ectte énigme. Et que le Père X soit chaleureusement remercié pour la confiance qu’il nous fait en nous confiant son récit .
« Je souffre, depuis l’enfance d’une grave maladie qui m’a conduit bien des fois à l’hôpital en urgence et j’ai dû subir plusieurs interventions chirurgicales importantes. Je vais bientôt avoir cinquante ans.
C’est à la suite d’une de ces opérations, il y a dix ans, que j’ai connu une première expérience de sortie hors du corps. Me trouvant aux soins intensifs, sous assistance respiratoire, la douleur étant devenue tellement insupportable que je me suis retrouvé sur la « potence » de mon lit d’hôpital. Cela m’est arrivé plusieurs fois de suite. Je n’en ai alors parlé à personne, doutant de la réalité de ce qui s’était passé.
Deux ans après, une nouvelle intervention, pour les mêmes raisons, s’est extrêmement mal passé, et j’ai dû rester une semaine aux soins intensifs. Un soir, alors que j’étais très mal, je me suis de nouveau retrouvé en train de me balader sur la potence de mon lit, mais cette fois avec une reprise de conscience beaucoup plus forte de ce qui se passait. Je réalisais tout à fait que je m’étais dédoublé et que c’était mon corps que je voyais, au-dessous de moi, dans le lit, un visage d’une blancheur cadavérique, transpirant, les cheveux collés au front. J’ai dû faire un effort pour revenir dans ce corps ; cela ne me disait rien et je suis ainsi sorti et rentré plusieurs fois, comme dans un ascenseur, le faisant en quelque sorte consciemment. Je me sentais de plus en plus mal. Il devait être très tard dans la soirée.
Tout à coup - cela m’a fait très peur - je me suis retrouvé en train de me promener, comme un oiseau, sur la barre d’appui de la fenêtre de ma chambre, de l’autre côté de la vitre, donc, suspendu au-dessus du vide. Je me rappelle très bien avoir regardé en bas et ne pas avoir eu le vertige, ce qui était très insolite pour moi. La fenêtre était fermée ; j’étais donc à l’extérieur mais je voyais très bien l’intérieur de la chambre, la lampe de chevet étant allumé, et ma « carcasse » sur le lit !
Je me suis dit : « Ce ne peut pas durer comme ça ! Est-ce que je reviens ou est-ce que je ne reviens pas ? » J’avais comme l’impression d’avoir le choix. Je me suis mis à réfléchir. Des tas de pensées différentes se bousculaient : je n’avais pas envie de retrouver la douleur en réintégrant mon corps ; d’un autre côté, je souhaitais continuer mon travail, etc... Mais, en même temps, j’avais parfaitement conscience que si j’allais plus loin dans cette expérience, un retour en arrière ne serait plus possible, que j’allais vers quelque chose de tellement beau - qui m’attirait tellement - que je ne pourrais plus revenir, que ce serait irréversible. Tout cela a dû se passer en quelques secondes, mais j’avais perdu toute notion de temps ou d’espace, tout en restant parfaitement conscient. Au même moment, la porte de ma chambre s’est ouverte. Je pouvais voir la lumière du couloir mais je ne voyais pas encore qui allait entrer. J’ai été pris de panique en me disant que l’infirmière allait trouver mon cadavre ! Cela me faisait mal au coeur pour elle. Est-ce que c’est cette dernière pensée qui m’a fait revenir ? Je n’en sais rien. La porte était en train de parler avec quelqu’un dans le corridor, comme si on me laissait encore quelques instants pour réfléchir à ce que je devais faire ! « Est-ce que je reviens ; est-ce que je ne reviens pas ? » La porte s’est complètement ouverte et j’ai réalisé que j’étais de retour dans mon lit.
J’ai eu conscience d’être rentré dans mon corps par le thorax. Mais ce n’est pas évident : il faut se REHABILITER ! Il me semblait rentrer dans une sorte de pyjama-combinaison d’une pièce et, lorsque l’infirmière est entrée, j’avais l’impression de ne pas l’avoir complètement « enfilé », de ne pas être au bout des bras ni des jambes ! C’est difficile à décrire ! Bref, je n’étais pas « réajusté » dans mon habit.
Elle a dû voir à ma tête qu’il s’était passé quelque chose. Elle m’a dit : « Ca ne va pas ? » Et, là aussi, il me semble que cela s’est décidé en une fraction de seconde. J’avais le choix de lui dire ou pas ce que je venais de vivre et je me suis mis à parler. Il me semble que rien n’aurait pu m’arrêter mais, en même temps, je me disais que j’étais fou, qu’elle allait se moquer de moi, appeler le médecin, etc... J’étais encore dans un état second. Je m’entendais raconter et, en même temps, je prenais conscience de mon récit au fur et à mesure, comme si un film se déroulait. Là encore, c’est difficile à décrire.
Elle m’a écouté, vraiment écouté, jusqu’à la fin. Je lui ai dit qu’on allait me prendre pour un fou, que j’avais peut-être rêvé. Je ne savais plus. C’est elle qui m’a aidé. Elle m’a dit qu’elle connaissait, que c’était tout à fait normal, que je n’étais pas le seul à avoir eu ce genre d’expérience, que ce n’était pas un rêve. Grâce à elle, je me suis immédiatement senti « normal ». J’ai alors tout à fait repris conscience et me suis souvenu de mon expérience précédente, deux ans avant, et la lui ai également raconté. C’est alors que j’ai pris conscience que j’étais complètement « en place » dans mon corps. Je m’ "habitais" de nouveau complètement jusqu’au bout des doigts et des pieds ! J’étais de nouveau complètement là avec une certaine paix. Je ne peux pas dire si j’étais content ou pas content d’être de nouveau là, mais j’étais en paix. Et cela, malgré la souffrance que j’avais totalement retrouvée en même temps que mon corps.
J’ai encore fait plusieurs semaines d’hôpital avant de rentrer chez moi. Je n’ai pas parlé de cette expéreince au médecin ; je n’avais confiance. Quant à cette infirmière, je l’ai revue à plusieurs reprises mais je n’avais pas envie d’en reparler - je l’ai fait juste une fois - et elle a respecté mon silence. Pour moi, grâce à elle, tout était en place ; j’avais été compris et il n’y avait pas de problème à ce niveau. La réaction positive de cette infirmière m’avait confirmé l’authenticité de ce que j’avais vécu. Pour moi, aujourd’hui, c’est quelque chose de réel, que j’ai touché du doigt.
Alors, bien sûr, ce n’est pas quelque chose que je raconte à tout le monde. Cette expérience, je ne l’ai pas étalée, je la garde pour moi, elle me nourrit. Il m’arrive quelquefois de la partager avec des gens qui me racontent leur propre expérience ; je ne vais pas faire l’étonné ! Cela a évidemment aiguisé en moi un intérêt certain pour ce sujet ; j’ai lu depuis plusieurs livres sur la question. Aujourd’hui je suis heureux si mon témoignage, que vous avez bien voulu recueillir, peut rendre service.
Dans le concret de ma vie, je me suis engagé à fond dans l ’accompagnement des mourants et je pense que mon propre vécu est loin d’être étranger à cet engagement. Mon expérience m’a donné une force, une colonne vertébrale, et m’aide énormément dans ce domaine. Je n’ai jamais plus approché quelqu’un en fin de vie de la même façon, ni quelqu’un dans le coma.
Plus intimement, cela a certainement changé ma façon de prier, ma relation avec les gens en général et avec les défunts, en particulier. Pour moi, mes parents décédés sont vivants et je leur parle. C’était quelque chose que je vivais déjà avant, mais ça l’a affermi, ça l’a agrandi. Dans les situations difficiles, je les appelle à l’aide et je perçois très bien leur aide ; elle est tangible. Je ne veux pas dire que je vis avec les morts mais ils sont très proches. Mon expérience m’a permis d’aiguiser ma relation avec eux.
Sur le plan de ma foi ; j’ai pu expérimenter plus fort l’Eucharistie. Cela veut dire que, chaque fois que je communie, que je reçois le corps du Christ, je ressens la communion avec tous ceux que j’aime. C’est difficile à traduire cela en mots, mais j’ai un sentiment d’UNITE avec tous à ce moment-là, vivants et morts. Ils sont là avec le Christ, en moi.
Quant à ma foi en la Résurrection, cette expérience n’a fait que renforcer pour moi ce qui est une évidence. Je n’avais pas de doutes à ce sujet, sinon mon engagement de prêtre, et ma vie même, avec tous ces moments difficiles, n’auraient pas de sens. Cela m’a confirmé de façon toute simple qu’il y a autre chose et que cet autre chose est beaucoup mieux que ce que nous vivons ici. Cela ne m’a pas posé de grandes questions métaphysiques.
Face à ma propre mort, tout cela ne veut pas dire que je ne vis pas de moments de panique en pensant à la souffrance par laquelle il faudra peut-être passer. Mais c’est seulement cette souffrance qui m’angoisse. La mort elle-même, ou plutôt ce qui vient après, ne me fait absolument pas peur. J’ai ressenti au moment de mes deux expériences, à deux années d’écart, la même impression indéfinissable de bien-être, de « plénitude », et cela je ne pourrai jamais l’oublier. »
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