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jeudi 25 janvier 2018

Interview de Nathalie Mazotti


Interview de Nathalie Mazotti


Auteure de
 « Il faut me croire maman »

Nathalie Mazotti

« Il faut me croire maman » est un livre où Nathalie nous raconte comment son fils, Sébastien, décédé, a insisté pour la pousser à refaire l’enquête de son accident de moto, à croire en l’au-delà et à aider les autres en créant une association qui porte son nom.

Chère Nathalie, merci de nous accorder cette interview.

- Avec le recul, comment voyez-vous la manière dont vous avez évolue, maintenant, vous croyez en l’au-delà et en la survivance, est-ce que vous vous étonnez vous-même de votre parcours ?

N.M. : C'est évident qu'avant l'accident de Sébastien, je pensais sincèrement que survivre à la mort de son enfant était une chose impossible.

J'étais croyante, peu pratiquante (car mon éducation ne m'avait pas orientée sur le sujet) et j'avoue que, même si j'espérais que quelque chose existe après la mort, je n'étais pas vraiment curieuse sur le sujet.

Ce qui m'étonne encore c'est d'avoir pu continuer cette vie qui n'est plus vraiment celle dont j'aurais rêvé. Je suppose que cette force qui m'a tenue debout pour affronter les premiers mois qui ont suivi l'accident n'était pas vraiment la mienne.

- Vous dites dans votre livre que votre fils s’intéressait aux phénomènes surnaturels, à quel sujet en particulier ?

N.M. : Comme beaucoup de jeunes de sa génération, il avait vu les films tels que "Ghost", "Au delà de mes rêves", "Circles" ou encore "Sixième sens" .

Il était convaincu que la communication avec les défunts était possible et j'avoue que nos conversations sur le sujet m'effrayaient un peu.

Il lisait énormément de livres sur les phénomènes paranormaux.

Il se passionnait pour les témoignages de personnes qui avaient fait des sorties de corps.

Un soir, il avait essayé d'utiliser des supports pour communiquer avec les défunts par lui-même. Il avait réussi mais il n'était pas allé au bout du message car sa chienne était allée se cacher sous son lit.

- Sébastien ne pensait pas vivre vieux, pourriez-vous nous dire comment il exprimait ce sentiment ? pensez-vous qu’il le pressentait ?

N.M. : Tout d'abord il avait beaucoup de compassion pour les anciens qui perdaient leur autonomie.
Il me disait toujours "Heureusement que je ne serai jamais comme ça!".

Il avait tout prévu pour ses obsèques et un rêve prémonitoire lui avait même montré la façon dont il allait mourir. 

Il me répétait qu'il n'aurait pas d'enfant, qu'il ne vivrait pas vieux et qu'il ne fallait pas s'en rendre malade. Il ne le pressentait pas, il en était convaincu et avec le recul, je pense qu'il m'avait préparé à cette horreur.

- Vous qui ne vous intéressiez pas à la médiumnité avant le décès de votre fils, avez-vous été surprise des capacités de certains médiums ?

N.M. : Pour moi qui étais, et qui suis encore, très cartésienne, un vrai message médiumnique doit m'apporter une preuve de survivance de l'esprit de Sébastien. Un simple "Je t'aime" ou "il est fier de toi" ne me suffisent pas.

Sébastien et moi étions très proches, comme je le suis avec son frère.

Les médiums ayant de réelles capacités à communiquer doivent pouvoir me donner un message de lui que moi seule puisse comprendre... ce n'est pas toujours le cas.

- Recevez-vous toujours des signes de Sébastien, Si oui, pourriez-vous nous en donner quelques exemples ?

N.M. : Ce que vous appelez des signes sont pour moi des petits clins d’œil. En fait, j'arrive maintenant à comprendre le message qu'il m'envoie au moment où je vois quelque chose qui me laisse penser qu'il me soutient.

Pas plus tard que ce matin, nous sommes allés aux obsèques d'un ami et assis sur le banc devant nous, il y avait un homme qui portait un blouson. 
L'inscription sur ce blouson m'a donné un message, une sorte de petit "coucou" et je me suis sentie soutenue. 

Je parle beaucoup des signes qu'il m'a fait dans ce livre et je pense écrire un deuxième livre pour lister tous ceux qu'il me fait encore.

- Comment vous est venu l’envie d’écrire votre livre « Il faut me croire maman » ? 
(dont “Reporter de l’Au-delà” a déjà parlé :  Il faut me croire maman )

N.M. : En priorité, je me battais depuis début 2013 pour "laver" l'honneur de mon fils et j'avais repris un à un les éléments des enquêteurs pour démonter leurs conclusions.

En septembre 2016, j'ai assisté aux plaidoiries et j'ai entendu la partie adverse salir mon enfant sans pouvoir apporter de preuves de ce qu'elle avançait.

La justice a retenu les éléments apportés par la partie adverse et pas les miens. J’ai donc décidé que je raconterai moi-même la version que Sébastien me donnait en contacts médiumniques. La vérité sur l'accident est maintenant dans ce livre et l'honneur est lavé.

Et puis il y avait cette force que me donne Sébastien et qui m'avait tant aidée à me relever pour me battre. Je devais aussi parler de la médiumnité puisqu'elle m'a sauvée et qu'elle sauvera encore beaucoup de monde à qui j'en parlerai.

- Après toutes les brimades et les injustices que vous avez subies, que pensez-vous de la justice ?

N.M. : Je ne considère par que c'est la justice qui a décidé que mon fils était le seul responsable de l'accident.

Je considère que la machine judiciaire est ainsi faite que les magistrats chargés de prendre une décision (je parle du tribunal au civil ) n'ont que peu de temps par dossier et qu'ils n'ont pas les moyens de penser humainement.

Sébastien représentait pour eux un mort de plus sur les routes et il entrait tout naturellement dans la catégorie à risque des statistiques d'accident.

Il était donc plus facile de laisser toute la responsabilité sur un mort...  Seulement ces personnes avaient exclu le fait que Sébastien, du moins sa force (son énergie, son esprit... chacun l'appellera comme il voudra) était bien réelle et que je me battrais pour lui. L'affaire doit passer en appel cette année... on verra. 
Ceux qui ont lu mon livre savent maintenant.

- Vous avez créé une association : « Ailes & Sébastien » quelques temps après son départ, pourriez-vous nous en parler ?

N.M. : J'avais eu la chance d'avoir des messages de mon fils décédé et j'avais, autour de moi, des parents qui vivaient le même drame et qui n'en avait pas eu. A chaque conférence à laquelle j'assistais, je ressortais plus forte et je me désolais un peu de voir que les autres n'avançaient pas au même rythme.

Et puis aider les autres, c'est être utile parce que depuis la mort de Sébastien, j'ai toujours ce sentiment d'être un poids pour les autres.

Il est très difficile de faire comprendre aux gens qui m'entourent que je vais mal parce que souvent, ils attendent un soutien de ma part. Ça me permet de ne pas m’apitoyer sur mon sort et de prendre des petits bouts de bonheur dans les sourires des autres.

- Quel est le plus beau souvenir de Sébastien auquel vous repensez souvent ? 

N.M. :  J'en ai tellement. Il m'est impossible d'en citer un plus beau qu'un autre. 

La dernière image que je garde est celle de sa main qui se lève du guidon lorsqu'il est parti de chez nous à moto le samedi soir du 21 juillet 2012... l'accident a eu lieu le 23/07.

- Avez-vous envie de dire quelque chose à tous ceux qui ont perdu un être cher ?

N.M.: Je suis convaincue maintenant que passée la douleur de la séparation, on apprend à vivre autrement.
Je sais tous ces sentiments qu'ils ressentent et il va, malheureusement, falloir apprendre à intégrer la mort de leur proche dans leur vie.
Je n'ai jamais dit accepter, j'ai bien dit intégrer.
Je me suis fait aider par une psychologue et je continue mon chemin parce que je sais que mes fils m'aiment parce qu'ils admirent la femme forte qui trouve toujours une solution à tout.
La mort du petit n'a pas pu trouver de solution pour son grand frère mais il reçoit avec émotions ces messages que Sébastien nous donne grâce à certains médiums.

La mort fait partie de la vie et personne ne nous a promis l'immortalité...
Personne ne nous a dit non plus qu'on ne se reverrait jamais.
On m'a dit un jour que lorsqu'on est mort, le temps n'existe plus. J'aimerais bien rajouter que lorsqu'on survit après la mort d'un être cher, le temps n'existe plus non plus et chaque jour passé nous rapproche de lui.

J'ai vu un dessin de BD l'autre jour. Deux amis étaient assis et l'un disait:
- "Un jour on va mourir"
    l'autre répondait:
- "Oui, mais en attendant nous allons vivre! "


Je vous remercie 
" Reporter de l'Au-delà " remercie Nathalie Mazotti pour son aimable participation


Facebook :  ailesetsebastien



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